VIVE LA SOCIALE - CHANSONS FOURIÉRISTES de Eugène POTTIER

Au piano; Georges DURBAN

LA PALISSE RATAPOIL
(Air de la Monnoie)

LA CHINE ET LES CHINOIS
(Musique de PORRO)

QUEL EST LE FOU?
(Musique de BERTON)

LE PRE
(Musique de DOCHE)

PROPAGANDE DES CHANSONS
(Musique de MONDOVILLE)

FRINGALE
(Air ancien)

Francisque Sarcey qui ne peut être soupçonné de complaisance envers les idées socialistes disait l’auteur de l’internationale. Ce Pottier est, je regrette de le dire, un communard et sans doute des plus violents. Mais c’est un sincère, et il est né poète. Il n’y a pas à dire, il est né poète.

Eugène Pottier naquit le 4 octobre 1816 et mourut le 6 novembre 1887. L’année 1966 voit donc le 150e anniversaire de sa naissance. Pottier commença sa carrière de poète chansonnier alors qu’il avait à peine quinze ans. Cet enfant prodige est alors un patriote révolutionnaire du genre jacobin. Plus ou moins teinté de babouvisme par la suite, il adhérera vers 1848 aux idées fouriéristes et sans cesser tout à fait d’être fouriériste il deviendra proudhonnien. C’est donc un proudhonnien, comme la plupart des communards d’ailleurs, qui a écrit les paroles de l’internationale en 1871.

Peu avant Sa mort, en 1885, Pottier se déclare à la fois anarchiste et communiste et en 1887, il dédie encore le poème "En avant la classe ouvrière" au "Parti révolutionnaire cosmopolite de toutes les écoles"... Sur le plan des idées sociales, comme la majeure partie des socialistes français de son temps, il doit à peu près tout à l’école proudhonnienne, qui doit elle-même beaucoup à l’école sociétaire.

Sur le plan philosophique il évolue du singulier mysticisme mêlé de matérialisme de Fourier, à une libre pensée qu’il concrétisera en se faisant initier en 1887 à la loge maçonnique "Le libre examen".
Les chansons que l’on a rassemblées ici datent de l’époque fouriériste de Pottier, qui coincide avec la fin de la Deuxième République, l’instauration et le début du Second Empire. A travers la vision cosmique de Fourier qui le marque profondément, on découvre un poète bucolique - il a été aussi un poète de l’amour et du vin - amoureux des champs, des bois et des sentiers fleuris. Mais, même alors, sa rêverie poétique débouche sur les problèmes sociaux, tout comme la cosmogonie de Fourier elle-même. Pottier considère en effet le capitalisme comme un viol de la nature, le Second Empire étant une illustration typique des méfaits du règne de la bourgeoisie. Et le poète se fait léger, mais aussi piquant et acerbe, pour railler le militarisme, le chauvinisme et la politique de grandeur de Napoléon le petit.

C’est un aspect peu connu, inattendu peut-être pour qui n’est pas prévenu, du talent à multiples facettes de Pottier qui nous est révélé, mais non des moins authentiques. Il fallait la voix tour à tour incisive et captivante de Simone Bartel pour resusciter ces chansons qui, on le verra, ne datent pas.

PIERRE BROCHON


Réalisation Pierre BROCHON - Maquette Albert MARCHAIS

Cercle du Disque Socialiste 29, rue Descartes - Paris V